Par David Gaborieau - Sociologue du travail, Université Paris Cité - Laboratoire Cerlis




Le secteur logistique aime à se présenter sous une forme immatérielle et moderne, brandissant le flux tendu comme une sorte d'écoulement harmonieux et continu de la supply chain. Mais vu depuis l'entrepôt, c'est sa matérialité brute qui ressort, celle des nouvelles usines à colis, des tâches pénibles et répétitives, rassemblant des centaines de milliers d'ouvriers en France.

Observer l'organisation du travail dans les entrepôts logistiques, c'est aussi constater que le taylorisme reste une innovation pleine d'avenir pour des secteurs en croissance. À l'inverse des prophéties d'automatisation, produire le flux est avant tout un travail manuel, bien qu'il soit désormais effectué sous assistance et contrôle numérique. C'est aussi un travail qui malmène les corps, sans offrir de réels possibilités d'ancrage professionnel.

La logistique (et plus largement la sphère de la circulation) occupe aujourd'hui une place centrale et stratégique dans les économies occidentales. Pour autant, les résistances ouvrières peinent à s'affirmer dans ces univers marqués par l'incertitude et l'éclatement, ce qui interroge sur les façons de faire et défaire le flux, de le produire et de l'arrêter. Des questions qui concernent les colis, mais qui peuvent également se poser pour d'autres types de flux, comme celui des déchets.

Cette soirée fait partie du Doctorat Sauvage En Architecture (voir le programme ici).